Le potentiel tragi-comique d’un déménagement, quel que soit l’endroit où il se pratique, est assez élevé : songeons à l’orteil écrasé de l’ami trop serviable - mais pas assez costaud, à l’affaissement intempestif de l’armoire Ikea (pourtant montée avec tant de soin, soupir), à l’inondation provoquée par le débranchement de la machine à laver, etc. Tout ceci peut arriver n’importe où… mais ce que j’ai vécu il y a deux semaines ne pouvait se passer qu’en Belgique, ça c’est sûûûrrr !
Ici, pour déménager, il faut d’abord réserver des emplacements devant l’immeuble que l’on quitte et celui où l’on s’apprête à s'installer, afin que les déménageurs puissent opérer « à leur aise ». Ces emplacements sont délimités par des panneaux mobiles à demi rouillés, dont l’apparition au petit jour est de nature à semer la terreur et la confusion dans tout un quartier : puis-je me garer ici ou là ? Dans quel sens part la flèche marquant l’espace interdit ? Quelles sont les dates concernées (elles sont griffonnées en tout petit à la craie) ??? Ces panneaux-épouvantails, franchement très moches, font partie intégrante du paysage urbain bruxellois, au même titre que les sacs poubelle jonchant les trottoirs deux fois par semaine – mais c’est un autre sujet…
Une fois les panneaux installés par les services communaux, il ne reste plus qu’à espérer que les gens les voient… Evidemment, dans mon cas personne n’avait rien vu et à 7h30, le jour J, je me voyais contraint d’appeler le commissariat pour demander l’enlèvement des véhicules. « Très bien, la patrouille va passer », me dit-on. Un peu alarmé par la vaguitude de la réponse (comme dirait Ségofucius sur la muraille de Chine), je demande des précisions sur le délai d’intervention et le brave agent me dit alors : "Une demi-heure maximum mais en attendant si vous pouvez relever les plaques on va vérifier si les propriétaires habitent dans la rue et on va les appeler pour gagner du temps." Waouh, me dis-je en m’exécutant illico (et in pyjamae), quelle efficacité, ça va pas traîner ! Bien sûr lorsque la patrouille arrive une heure plus tard, elle s’empresse aussitôt de… prendre pour son temps pour : d’abord relever les plaques des voitures ; puis appeler le central et lui communiquer les numéros ; ensuite attendre que le central rappelle pour l’informer que non, les propriétaires des véhicules ne sont pas domiciliés dans la rue ; et enfin, enfin, daigner appeler une dépanneuse, qui arrive royalement à 9h30…
Pendant ce temps-là nos déménageurs, arrivés à 8h et dont les services font l’objet d’une tarification horaire, ne savent bien sûr rien faire. L’équipage est ainsi constitué : 2 hommes, 1 camion et 1 petit camion-élévateur. Notons au passage la joliesse du mot ‘élévateur’, qui mériterait de passer dans le vocabulaire politique belge – après l’explorateur, le formateur, nous aurions ainsi l’élévateur (de niveau bien sûr). Mais je m’égare encore une fois… Donc il ne se passe rien, jusqu’à ce coup de théâtre : le camion-élévateur se barre avec son conducteur, sans un mot d’explication ! Je m’enquiers de la situation auprès du 2ème type, lequel m’explique un peu embarrassé que son pseudo ‘collègue’ était en fait un sous-traitant qui refusait de faire autre chose que conduire l’élévateur et, à la rigueur, poser des objets sur le plateau mais pas plus hein, faut pas pousser quand même. Bref, le temps de renvoyer ce premier travailleur ultra-spécialisé (voire carrément feignasse), de faire venir un second 'vrai' déménageur et un élévateur, l’horloge sonnait les dix coups et demi de 10h30… A part quelques cartons, rien n’avait encore été sorti de notre appartement, et à ce rythme-là je me voyais bien devoir payer le loyer du mois suivant.
Mais bon, ayant enfin affaire à deux vrais professionnels surentraînés, disposant de conditions idéales (matériel rangé comme à la parade, espace disponible en quantité, temps sec, vent faible), on allait voir ce qu’on allait voir… Et on a vu : désorganisés, mous du genou, et surtout lents, incroyablement lents, nos deux pieds nickelés ont mis plus de 7 heures à réaliser un déménagement qui, dans n’importe quelle autre contrée, aurait pris deux fois moins de temps. A la fin de la journée, plongé dans un état de consternation hébétée, j'ai à peine réagi lorsqu'on m'a réclamé le tiers de mon salaire mensuel... en liquide (vous m'épargnez peut-être les 25 centimes ? non, bon, tant pis...).
Terminons par un conseil (européen, comme il se doit) : si les institutions de l'UE sont un jour amenées à quitter Bruxelles en raison d'une subite détérioration de la situation politique belge, surtout, surtout qu'elles fassent appel à des déménageurs de leur nouveau pays-hôte. Sinon, deux mandatures n'y suffiront pas !
Ici, pour déménager, il faut d’abord réserver des emplacements devant l’immeuble que l’on quitte et celui où l’on s’apprête à s'installer, afin que les déménageurs puissent opérer « à leur aise ». Ces emplacements sont délimités par des panneaux mobiles à demi rouillés, dont l’apparition au petit jour est de nature à semer la terreur et la confusion dans tout un quartier : puis-je me garer ici ou là ? Dans quel sens part la flèche marquant l’espace interdit ? Quelles sont les dates concernées (elles sont griffonnées en tout petit à la craie) ??? Ces panneaux-épouvantails, franchement très moches, font partie intégrante du paysage urbain bruxellois, au même titre que les sacs poubelle jonchant les trottoirs deux fois par semaine – mais c’est un autre sujet…
Une fois les panneaux installés par les services communaux, il ne reste plus qu’à espérer que les gens les voient… Evidemment, dans mon cas personne n’avait rien vu et à 7h30, le jour J, je me voyais contraint d’appeler le commissariat pour demander l’enlèvement des véhicules. « Très bien, la patrouille va passer », me dit-on. Un peu alarmé par la vaguitude de la réponse (comme dirait Ségofucius sur la muraille de Chine), je demande des précisions sur le délai d’intervention et le brave agent me dit alors : "Une demi-heure maximum mais en attendant si vous pouvez relever les plaques on va vérifier si les propriétaires habitent dans la rue et on va les appeler pour gagner du temps." Waouh, me dis-je en m’exécutant illico (et in pyjamae), quelle efficacité, ça va pas traîner ! Bien sûr lorsque la patrouille arrive une heure plus tard, elle s’empresse aussitôt de… prendre pour son temps pour : d’abord relever les plaques des voitures ; puis appeler le central et lui communiquer les numéros ; ensuite attendre que le central rappelle pour l’informer que non, les propriétaires des véhicules ne sont pas domiciliés dans la rue ; et enfin, enfin, daigner appeler une dépanneuse, qui arrive royalement à 9h30…
Pendant ce temps-là nos déménageurs, arrivés à 8h et dont les services font l’objet d’une tarification horaire, ne savent bien sûr rien faire. L’équipage est ainsi constitué : 2 hommes, 1 camion et 1 petit camion-élévateur. Notons au passage la joliesse du mot ‘élévateur’, qui mériterait de passer dans le vocabulaire politique belge – après l’explorateur, le formateur, nous aurions ainsi l’élévateur (de niveau bien sûr). Mais je m’égare encore une fois… Donc il ne se passe rien, jusqu’à ce coup de théâtre : le camion-élévateur se barre avec son conducteur, sans un mot d’explication ! Je m’enquiers de la situation auprès du 2ème type, lequel m’explique un peu embarrassé que son pseudo ‘collègue’ était en fait un sous-traitant qui refusait de faire autre chose que conduire l’élévateur et, à la rigueur, poser des objets sur le plateau mais pas plus hein, faut pas pousser quand même. Bref, le temps de renvoyer ce premier travailleur ultra-spécialisé (voire carrément feignasse), de faire venir un second 'vrai' déménageur et un élévateur, l’horloge sonnait les dix coups et demi de 10h30… A part quelques cartons, rien n’avait encore été sorti de notre appartement, et à ce rythme-là je me voyais bien devoir payer le loyer du mois suivant.
Mais bon, ayant enfin affaire à deux vrais professionnels surentraînés, disposant de conditions idéales (matériel rangé comme à la parade, espace disponible en quantité, temps sec, vent faible), on allait voir ce qu’on allait voir… Et on a vu : désorganisés, mous du genou, et surtout lents, incroyablement lents, nos deux pieds nickelés ont mis plus de 7 heures à réaliser un déménagement qui, dans n’importe quelle autre contrée, aurait pris deux fois moins de temps. A la fin de la journée, plongé dans un état de consternation hébétée, j'ai à peine réagi lorsqu'on m'a réclamé le tiers de mon salaire mensuel... en liquide (vous m'épargnez peut-être les 25 centimes ? non, bon, tant pis...).
Terminons par un conseil (européen, comme il se doit) : si les institutions de l'UE sont un jour amenées à quitter Bruxelles en raison d'une subite détérioration de la situation politique belge, surtout, surtout qu'elles fassent appel à des déménageurs de leur nouveau pays-hôte. Sinon, deux mandatures n'y suffiront pas !
1 commentaire:
Tu aurais du faire un tour sur http://www.demenageur-sympa.be/aboutus.html (sous-titre "Réservez la place devant votre porte"), ils précisent bien de jeter un oeil dans la rue deux heures avant le déménagement :)
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